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                deux petites choses, mais pour moi très précieuses...
 
  Enseignant, écrivain, éditeur et animateur d'ateliers d'écriture, Jean-Hugues Malineau publie depuis 1976 de merveilleux petits livres de poésie contemporaine à l'enseigne des éditions « Commune mesure » à Paris ; du cousu main tiré sur presse à bras, typo brut de plomb et beaux papiers qui font de chacune de ses productions, souvent accompagnées de gravures, un écrin rare et précieux. J'ai eu la chance qu'il me sollicite à deux reprises, pour les deux ouvrages présentés ici.

  Je n'ai pas eu le plaisir de rencontrer Georges Bonnet que j'ai découvert en cette occasion et dont ce livre, « Entre
-temps », m'a donné le goût de lire tous les autres.

  Mais Daniel Reynaud habitait ma ville. Nous nous y sommes croisés sur le tard, nous rattrapant du temps perdu par des libations propres à dépoussiérer d'un coup tous les vieux exemplaires d'au « bonheur de Barbezieux » à la bibliothèque municipale. Nous y avons sur deux ou trois ans partagé intensément avec d'autres du même acabit gueuletons
et bouteilles, guitares et amours, notre goût pour la littérature, la peinture et la musique enfin tout ce qui peut se partager entre gars dans la force de l'âge et résolus à ne pas s'économiser ! Forte nature du haut de son mètre soixante, Daniel en faisait trop en tout, en tous cas plus que nous et passait lors de nos beuveries, sans retenue du rire aux larmes et de la prostration à l'exaltation dans un joyeux fracas de mots dont jaillissait parfois la poésie, vraiment ! C'était au mieux noté à la volée d'un trait de stylo rageur sur le coin d'une nappe en papier, la plupart du temps tout simplement jeté au vent et se perdant avec lui. Parfois pourtant, miraculeusement, cela faisait trace et quelque lendemain apaisé surgissaient de sa brume, comme lavées, pures, tranchantes et polies comme l'acier, deux ou trois phrases inouïes. À force, à la fin rassemblés par un ami avisé, quelques feuillets défroissés faisaient un livre étonnant. « Profil songeur de la Charente » est de ceux-là, un diamant et de la plus belle eau, infiniment plus évocateur du pays dont il parle que la sotte phrase (saura-t-on jamais de qui à la fin !?.) reprise partout qui dit « le plus beau ruisseau de mon royaume ». Ici pas un mot de trop ni rien qui manque, un texte aussi définitif, aussi évident, aussi tranquillement parfait qu'un marbre du Bernin ou que la 5e de Malher, ce n'est pas la quantité qui compte ! À la vérité, Daniel faisait à peu près tout mieux que nous, surtout écrire, pour peu qu'il soit soutenu d'un verre à portée de main ; tout mieux vraiment, à part peut-être être heureux... et puisque c'était le prix à payer, il y est allé carrément. Ce livre, entre autres, témoigne que ce ne fut pas en vain.